Surréalisme à Pompidou
Cent ans après le Manifeste du Surréalisme, écrit par André Breton, le Centre Pompidou revisite son histoire, à travers une auscultation de ses figures tutélaires et de ses motifs thématiques. L’exposition, curatée par Marie Sarré et Didier Ottinger, propose un récit renouvelé et élargi du mouvement à travers un parcours structuré comme un labyrinthe autour du manuscrit original du Manifeste. Une place de choix est faite au surréalisme de l’entre-deux-guerres et d’après-guerre, tout autant qu’à ses figures internationales oubliées au-delà de nos frontières, mais aussi à des artistes femmes longtemps invisibilisées, comme Valentine Hugo, Jacqueline Lamba, Toyen, Dorothea Tanning, Lee Miller, Dora Maar, Claude Cahun, Leonor Fini…
“Aucun mouvement du XXe siècle n’a compté autant de femmes parmi ses membres actifs, loin du statut de muses auquel on a souvent voulu les réduire”, précise Marie Sarré. Outre de corriger la vision fixe d’un mouvement d’avant-garde dominé par des hommes, cette relecture du surréalisme tend aussi à comprendre la résonance du surréalisme dans notre époque, car la dissolution officielle du surréalisme en 1969 n’a pas marqué la fin de son influence sur l’art et la société. C’est tout l’enjeu de l’exposition, de le mettre en lumière, de manière réaliste. Un très beau documentaire en deux parties de Sylvain Bergère, Révolutions surréalistes, revient parallèlement à l’exposition sur cette histoire sur Arte les 8 et 15 septembre.
Surréalisme au Centre Pompidou, du 4 septembre au 13 janvier
17e Biennale de Lyon
Dirigée par Alexia Fabre dans d’anciens ateliers de la SNCF, les Grandes Locos, la 17e Biennale de Lyon célèbre l’attention, l’accueil et l’échange, comme autant de gestes décisifs dans le paysage de l’art contemporain. Haut lieu de la mémoire ouvrière, cet espace de ruines industrielles, dispersées en plusieurs halles, s’apprête à abriter les œuvres d’une soixantaine d’artistes, présent·es aussi au Mac Lyon et à la Cité internationale de la Gastronomie. Tous·tes s’insèrent dans un récit global qu’Alexia Fabre rattache à la question de l’altérité, de la relation et de l’accueil. Guidée par la célèbre confluence du Rhône et de la Saône, elle a intitulé la Biennale “Les voix des fleuves Crossing the water”, pour rappeler que le point de rencontre des eaux symbolise aussi la nécessité, politique et artistique, de penser l’hospitalité, l’échange, le mélange.
Honorant des figures déjà installées du paysage de l’art (Annette Messager, Ange Leccia, Hélène Delprat, Edi Dubien, Myriam Mihindou, Sylvie Fanchon, Jeremy Deller…), voire mythiques (Chantal Akerman, Christian Boltanski), la Biennale mettra aussi en lumière une jeune génération d’artistes, parmi lesquel·les Sofia Salazar Rosales, Matthias Odin, Florian Mermin, Clara Lemercier Gemptel, Meri Karapetyan, Victoire Inchauspé, Juliette Green… Entre rituels d’accueil, formes du soin et de la réparation, révoltes contre l’ordre sécuritaire, joie des liens affectifs et projets participatifs, la Biennale de Lyon invite à imaginer des ponts au-dessus des eaux polluées du monde, pour réanimer nos rêves abîmés.
17e Biennale de Lyon, Les voix des fleuves, Crossing the water, du 21 septembre au 5 janvier
Exils : regards d’artistes
Quels liens existent entre l’exil et la création ? Depuis Homère et Ovide, jusqu’à Victor Hugo, Gustave Courbet, Marc Chagall, Kimsooja, Yan Pei-Ming, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, Barthélémy Toguo ou encore Marco Godinho… Les artistes questionnent le départ, le déplacement, la complexité de l’arrivée, le déracinement, mais aussi le rôle décisif de la rencontre et de l’accueil. C’est cette histoire éternelle du déplacement des corps qui affecte des gestes créatifs qu’interroge Dominique de Font-Réaulx dans un parcours mêlant art ancien et contemporain. Un voyage dans l’espace et le temps pour approcher l’expérience de l’exil dans l’histoire de l’art. Départ, arrivée, déracinement, rencontres, accueil, mémoires et partage : ces notions qui traversent le temps et les géographies sont au cœur de cette expo riche de près de 200 œuvres.
Exils : regards d’artistes au Louvre-Lens, du 25 septembre 2024 au 20 janvier 2025.
Correspondances. Lire Angela Davis, Audre Lorde, Toni Morrison
En novembre 2023, Angela Davis était l’invitée du Festival d’Automne pour une conversation au Théâtre de la Ville avec la critique d’art Elvan Zabunyan sur les arts et l’activisme. Un an plus tard, la directrice du Credac Claire Le Restif et la même Elvan Zabunyan proposent une exposition collective autour des écrits politiques et poétiques d’Angela Davis et de deux autres figures clé sdu paysage de l’activisme féministe noir américain, Audre Lorde et Toni Morrison. Le projet Correspondances. Lire Angela Davis, Audre Lorde, Toni Morrison consigne des archives des trois autrices afin d’honorer l’intensité de leur engagement intellectuel contre le racisme, le sexisme, l’homophobie et les précarités sociales ou culturelles. Parallèlement, des artistes s’invitent dans le parcours avec des œuvres qui éclairent ce jeu de correspondances et de résonances entre elles. Une invitation sensible à lire et relire les œuvres puissantes de ces trois grâces.
Correspondances. Lire Angela Davis, Audre Lorde, Toni Morrison au Centre d’art contemporain d’Ivry – le Crédac, Ivry-sur-Seine, du 22 septembre au 15 décembre
Susanna Fritscher
Fondé en 2000 par Aurelie Nemours, artiste majeure de l’abstraction géométrique, le Prix Aurelie Nemours qui récompense des artistes dont l’œuvre poursuit une quête plastique et spirituelle, est décerné cette année à Susanna Fritscher, dont on avait pu découvrir, émerveillé, les architectures aériennes et lumineuses en 2017 lors de la Biennale de Lyon ainsi qu’au musée d’art de Nantes. Elle bousculait l’ordre des perceptions à travers des installations de rideaux de fils en silicone, légèrement ovoïdes, espacés de huit millimètres, vrillés. À Paris, elle présentera une installation au Drawing Lab durant tout le mois de septembre en dialogue avec des tableaux d’Aurelie Nemours, en cherchant, fidèle à sa démarche, à résoudre des énigmes physiques. Une extase visuelle où l’air, la lumière et le temps peuplent un monde en suspension.
Susanna Fritscher au Drawing Lab, 17 rue de Richelieu, du 3 au 30 septembre.
Author : Jean-Marie Durand
Publish date : 2024-09-02 11:47:50
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Author : MondialnewS
Publish date : 2024-09-02 12:59:38
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